FRANCE - Ensemble Scolaire Notre-Dame, Bordeaux - Bernard IZQUERDO

L'expérience menée avec l'outil alfonic concerne des élèves de 12 à 14 ans scolarisés normalement dans des classes de sixième et de cinquième. Dans ces unités, on trouve une large majorité d'enfants qui ne maîtrisent pas l'orthographe et qui parfois même, présentent des signes de dyslexie.

Face à d'aussi grandes difficultés ainsi qu'à une démotivation profonde due à l'échec répété, il m'a semblé intéressant d'aborder le travail de l'orthographe d'une manière nouvelle et parfois ludique.

J'ai préparé des textes écrits en alfonic. J'ai choisi de transcrire des extraits tirés de romans de chevalerie ou d'aventure dont l'intérêt narratif est assez attractif pour motiver un travail plus agréable.

Après avoir présenté alfonic à mes élèves, après les avoir entraînés à la transcription vers l'orthographe de mots simples, enfin après leur avoir donné l'alphabet alfonic, je leur ai distribué le premier texte.

Je n'avais pas, a priori, déterminé le temps à passer sur chaque texte. L'expérience a montré, malgré quelques écarts inévitables, que deux séances de cinquante minutes étaient nécessaires pour un texte de 8 à 10 lignes (première année).

Dans ces séances, chaque élève se trouve confronté à un texte qu'il doit, à l'aide de tous les outils qu'il souhaite utiliser, réécrire en orthographe. L'élève se trouve dans une situation qui est proche de la dictée traditionnelle mais qui offre des avantages. En effet, l'enfant va à son propre rythme et n'est pas angoissé par la vitesse imposée par le professeur. De surcroît, il peut, et cela est original, trouver la graphie de certains mots avant d'autres sans suivre une progression linéaire, ainsi un mot peut en éclairer un autre rétrospectivement.

Malgré tous les dictionnaires et manuels utiles à la mise en forme orthographique, de nombreuses fautes subsistent. J'essaie alors, au cas par cas, de sérier leurs fautes avec eux, sans indiquer l'endroit exact de l'erreur.

La demande est alors très grande et pose quelques problèmes d'organisation.

Le travail en petits groupes s'impose. Après avoir travaillé sur les textes pendant deux séances, je dicte le texte de façon traditionnelle.

Depuis cette année( deuxième année pour certains de mes élèves), j'ai adopté le rythme d'un texte par semaine, tous les lundis. Certains préfèrent préparer chez eux. Je mets en relief tout ce qui est juste et l'élève poursuit son travail. Une correction finale se fait ensuite au tableau.

Il est encore difficile de quantifier les progrès réalisés par les élèves, néanmoins, il faut remarquer les comportements suivants :

L'intérêt suscité par l'écriture alfonic est incontestable.

L'activité, par le caractère quelque peu énigmatique du texte
proposé, devient aussitôt ludique.

Les élèves sont mis en confiance par l'acquisition d'un savoir-faire nouveau qu'ils acquièrent rapidement et de façon spectaculaire.

Il est arrivé, à plusieurs reprises que les enfants demandent d'autres activités alfonic.

Quelques élèves en très grande difficulté ont pris ce travail à coeur et ont repris confiance dans la mesure où ils voient leurs efforts récompensés et non plus sanctionnés par le zéro impitoyable qu'ils ont toujours connu.

Enfin depuis cette année,( deuxième année), je peux dire que le travail proposé est apprécié par le plus grand nombre. L'activité fait partie intégrante de l'apprentissage.

Les élèves qui ne progressent pas sont ceux qui ont des problèmes d'un autre ordre à régler (motivation, comportement).

Les meilleurs résultats que j'obtiens sont ceux que réalisent des élèves à faibles moyens. Ils sont capables au bout de deux ans, de transcrire un texte de 40 mots sans faute en un quart d'heure, (émulation oblige).

En ce qui concerne les plus faibles, s'ils sont un peu motivés, des progrès sont sensibles mais le niveau final reste encore insuffisant.

Ce qui est sûr, c'est que tous croient à un possible progrès, idée qu'ils avaient bannie de leur esprit jusqu'à présent.

Dans l'avenir, je pense réaliser un petit cahier, car j'ai maintenant assez de textes, pour que chaque enfant puisse travailler à son rythme, à la maison (au moins un texte par semaine).

Bernard IZQUERDO
1er juin 2005

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