BELGIQUE - Laboratoire de phonétique, Service de linguistique expérimentale,
........................Université de Liège - François-Xavier NEVE

Pour enseigner l'écriture et la lecture du français à des étudiants ayant ou non le français pour langue maternelle, un outil phonologique m'est souvent apparu nécessaire : je le propose et beaucoup d'étudiants en adoptent un. S'ils connaissent déjà l'alphabet phonétique international (API), il suffit que je l'adapte en le limitant aux phonèmes français et le tour est joué. S'ils ne le connaissent pas, je recours à l'alfonic en leur expliquant en quelques mots de quoi il s'agit ; généralement, cela les amuse, les intéresse, souvent les passionne. alfonic est plus facile à apprendre et à employer que l'API, et conduit tout droit à l'écriture française courante. L'explication orthographique, folle mais cohérente à partir du latin, prend alors tout son sens... et j'observe derechef un très vif intérêt de la plupart pour les brèves explications historiques offertes. Il est à noter que, selon mon observation, mondiale et étalée sur plus de trente ans, ces explications favorisent l'orthographe, tant lexicale que grammaticale.

Pour la majorité des publics, alfonic permet de fixer la prononciation des phonèmes de façon sûre, simple et naturelle : c'est, pour l'enseignant de phonétique, orthophonie, prononciation et diction françaises, un atout exceptionnel ; je m'en sers très souvent (mais ne l'impose jamais) ; ma façon propre est toujours d'écrire au tableau l'orthographe et en vis-à-vis l'alfonic ou l'API, parfois les trois. D'innombrables étudiants, de toutes langues, m'ont dit qu'ils trouvaient cette pratique infiniment simple et précieuse... et qu'ils feraient de même pour enseigner le français dans leur pays d'origine.

C'est uniquement dans ma famille (très nombreuse) et dans les centres d'alphabétisation que j'ai rencontré, moins souvent mais de façon représentative quand même, des enfants perturbés par l'orthographe dans leur apprentissage de l'écriture et de la lecture. Dans ce cas, je leur montre alfonic et ils s'en emparent comme d'un jouet, un jeu, un trésor un merveilleux secret à partager avec leurs copains pour écrire à bon compte et sans risque de se faire rabrouer pour "faute d'orthographe" !
Ces enfants manipulent alfonic avec joie et volupté, et communiquer par écrit devient alors pour un eux un bonheur et un complot savoureux. Le passage à l'orthographe les fait... rire, et ne pose, alors, plus d'autres difficulté que le narquois : "... Ils sont fous, ces Gaulois !"

François-Xavier NEVE
11 mai 2005

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